Mirement/L’instabilité

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Le terme de navigation mirement désigne l’effet optique de réfraction qui fait paraître les objets éloignés plus allongés verticalement qu’ils ne le sont.


La troisième et dernière itération du projet Mirement/Towering, présentée à la Galerie UQO, a pour titre L’instabilité et résulte d’une recherche menée par Geneviève Chevalier sur la côte sud de l’Angleterre ainsi qu’à Londres, à l’été 2022, dans le cadre d’une résidence au studio ACME. Le projet s’applique à établir un rapprochement conceptuel et formel entre certains phénomènes d’érosion géologique et économique qui, bien que distincts par nature, sont intimement liés.


L’instabilité effectue une sorte de retour en miroir sur la proposition formulée dans l’œuvre La ménagerie (2021) et s’applique, par la vidéo, la photographie et le texte, à confronter le phénomène d’érosion que subit la côte jurassique avec celui de l’instabilité économique, deux contingences reposant sur une fausse prémisse : la notion des ressources illimitées mises à notre disposition. À travers les œuvres présentées dans l’exposition, l’artiste propose une mise en relation (et par extension, une confrontation) entre deux espaces qui partagent une instabilité.


L’artiste dévoile notamment la côte jurassique, une zone côtière du sud de l’Angleterre, constituée de couches d’argile et de calcaire disposées en alternance, aussi appelées Blue Lias, à Lyme Regis, dans le Dorset et de falaises de craie à Seaton (Beer Head), dans le Devon. Riches en fossiles, ces falaises ont connu au cours de leur histoire divers épisodes d’érosion importante, et sont désormais, avec la montée des eaux et la multiplication des épisodes météorologiques extrêmes, en proie à une instabilité grandissante. Le cas de Canary Wharf est aussi convoqué dans certaines œuvres. Construit par le financier canadien Paul Reichmann sous le gouvernement Thatcher à la fin des années 1980 sur l’ancien site des quais de la West India Company (une entreprise de l’ère coloniale impliquée dans le commerce triangulaire), Canary Wharf est une véritable cité dans la cité. Ce noyau de la finance internationale est examiné à travers le motif de son architecture de métal et de verre, et la liste exhaustive des locataires du domaine Canary Wharf Group (coté en bourse depuis 1999) – des voisins parmi lesquels on compte les sièges sociaux de grandes banques et fonds d’investissement.


Au croisement de ces deux lieux en déséquilibre, certaines espèces jugées exotiques semblent également être les témoins d’un monde en effritement. Elles apparaissent par l’entremise d’une dynamique de prolifération, ou encore, elles font un retour en tant que plante ornementale. Des espèces de végétaux dont la présence silencieuse et la silhouette caractéristique se font aussi remarquer dans L’instabilité.


À propos de l'artiste


Geneviève Chevalier est artiste en arts visuels et médiatiques, commissaire indépendante et professeure à l’École d’art de l’Université Laval. Elle a réalisé un stage postdoctoral (FRQSC 2014-2016) en muséologie sur la question des interventions d’artistes dans les collections muséales dans le cadre du groupe de recherche Collections et impératif événementiel (CIÉ/CO). Chevalier a contribué aux ouvrages collectifs Réinventer la collection. L’art et le musée au temps de l’événementiel (2023, PUQ) et Lieux et milieux de l’art vivant. Performer l’institution (2023, Presses du réel). Une monographie de son travail a été publiée en 2023, coéditée par Dazibao, la Galerie d’art Foreman et la Galerie UQO.

Son travail artistique prend la forme de projections vidéographiques et filmiques ainsi que de séries photographiques, lui permettant d’aborder l’enjeu de la perte de biodiversité à l’ère de la crise climatique par l’histoire naturelle (FRQSC 2020-2023). L’artiste interroge la conception du monde vivant héritée de la modernité : un monde vivant décontextualisé, simplifié et exploitable. En 2024, Chevalier sera artiste en résidence aux Jardins de Métis dans le cadre du projet Faux-plis (FRQ).