par Victor Denoncourt

Cet été, Tout culture met en place une Escouade jeunesse en collaboration avec le Développement Interscolaire Socio-Culturel de l’Outaouais (DISC-O) afin de faire découvrir l’étendue des activités culturelles en Outaouais. À travers notre Magazine culturel et nos réseaux sociaux, les membres de l’Escouade jeunesse vous feront part de leurs expériences et peut-être réussiront-ils à vous convaincre de sortir des sentiers battus.

Pour son premier billet, Victor Denoncourt vous relate son expérience au Rendez-vous des membres de Culture Outaouais, où l’équipe de Nish Média était sur place pour présenter son nouveau projet William, une expérience en réalité virtuelle. Voici ce qu’il en a pensé :

À l’occasion du Rendez-vous des membres de Culture Outaouais, j’ai eu la chance de vivre l’expérience William… et laissez-moi vous dire que ce fut tout simplement époustouflant.

Tout d’abord, William est une œuvre cinématographique en réalité virtuelle développée et conçue par la cinéaste mohawk Sonia Bonspille Boileau et l’équipe de Nish Média. C’est une œuvre innovante qui souhaite nous parler de l’histoire des pensionnats autochtones au Canada en mettant le ressenti au premier plan. L’expérience commence dès notre entrée dans une salle, où l’on nous invite à nous installer sur une chaise sur laquelle est rattaché un casque de réalité virtuelle. En enfilant le casque, tout se transforme autour de nous. Notre vision se floute de plus en plus pour ne laisser apparaître qu’un menu. Le monde qui nous entourait il y a de cela quelques instants paraît tout à coup si loin. Dès lors, on se retrouve directement plongé au cœur d’une famille autochtone, celle de William. Après quelques instants, on comprend que William, c’est nous.

Bande annonce de William par Nish Média

L’œuvre nous met directement à la place du protagoniste. Tout au long de l’épopée ultra sensorielle, on subit le parcours du personnage principal au sein d’un pensionnat. Du moment où il se fait arracher à sa famille, de son arrivée dans l’établissement, de ses moments passés dans la salle de classe, de ses nuits aux dortoirs et des retrouvailles avec sa famille, tout y est. Bien évidemment, je pourrais vous parler de long en large de chacune des scènes, mais ce serait un sacrilège de vous divulgâcher l’expérience… Toutefois, je ne peux m’empêcher de parler de l’immense travail technique et de scénarisation qui rend William si bouleversant.

Le rédacteur Victor Denoncourt avec la réalisatrice Sonia Bonspille Boileau

L’œuvre de la cinéaste souhaite placer le spectateur allochtone au cœur de l’épreuve en utilisant plusieurs éléments qui nous permettent de comprendre réellement le traumatisme. L’artiste vise à briser la distance qui se creuse entre cette douloureuse tranche d’histoire et le spectateur allochtone, qui entend vaguement parler des pensionnats dans ses cours d’histoire. Toutefois, William n’est pas une œuvre explicitement violente. Loin de là. Son impact est grâce au fait que les créateurs du projet ont préféré miser sur la violence implicite afin de faire réfléchir l’audience. Que ce soit au travers de perspectives qui viennent titiller les plus claustrophobes ou encore qui nous donnent l’impression d’être infimes, on sent le mal-être du personnage principal. Les contrastes entre les couleurs et les images se dessinent et viennent grandement affecter notre perception des endroits où l’on se trouve. Inconsciemment, l’expérience immersive nous fait traverser une gamme d’émotions différentes en n’utilisant que l’environnement diégétique. L’outil le plus impressionnant de cette œuvre reste l’utilisation de la langue. Tout au long de l’expérience William, la distribution alterne entre le français et un charabia afin de nous mettre dans la peau de William. C’est une posture stressante où nous ne sommes pas en mesure de comprendre ce qui se passe autour de nous. On comprend la crainte du personnage principal en l’espace d’un instant. Ce qui est marquant et magnifique de ce projet est la mission et l’éthique dont l’équipe de réalisation a fait preuve lors du processus de création. William a pour premier but de sensibiliser le public allochtone à l’impact néfaste que les pensionnats ont eu sur des milliers d’enfants en provoquant l’empathie chez le public. C’est pour cela que cette production a fait son entrée dans les écoles avec un guide pédagogique de la part des créateurs afin de conscientiser et d’illustrer cette sombre page d’histoire. La cinéaste a insisté à ce que des survivants et survivantes aient leur mot à dire sur la réalisation du projet de manière que celui-ci soit le plus respectueux et représentatif possible. C’est une œuvre empreinte d’empathie qui nous incite à nous mettre à la place de l’autre.

Pour vivre d’autres expériences culturelles aussi fantastiques que celle-ci cet été, assurez-vous d’intégrer Tout culture dans votre quotidien!