Chaque mois, nous vous présentons un album à découvrir sur la plateforme de musique Bandcamp dans le cadre de leur initiative Bandcamp Fridays. Cette initiative vise à appuyer les musiciens et musiciennes en leur versant 100 % des recettes de ventes effectuées le premier vendredi de chaque mois.

Si vous avez fréquenté le Vieux-Hull dans les vingt dernières années, il y a de fortes chances que vous avez eu l’occasion de témoigner du talent de David Dufour, alias D-Track, sur les différentes scènes de ce quartier emblématique de Gatineau. David porte plusieurs chapeaux, en plus d’être à la fois rappeur, poète et slammeur, il travaille également au sein de l’équipe de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais où il aide à faire rayonner d’autres talents de la région.

C’est à la fin des années 90 que l’écrivain s’est lancé dans l’arène des « rap battles » à Hull, quand les rivalités entre les différentes villes de Gatineau étaient encore d’actualité. Maintenant avec cinq albums solos à son actif, en plus de ses EP et différents projets collaboratifs, D-Track est un vétéran de la scène hip-hop québécoise. On note souvent ses textes incisifs et authentiques, où il se prononce sur sa propre vie et sa ville natale, mais aussi sur les divers fléaux sociétaux qui nous affligent en ce moment. On peut le placer dans le panthéon du hip-hop conscient, aux côtés de rappeurs tels que Mos Def, Shad, et Kardinal Offishall, grâce à ses paroles qui mettent en lumière des causes comme la libération du peuple palestinien et la réconciliation avec les communautés autochtones.

En 2021, au plein cœur du confinement, D-Track lance l’album collaboratif Hull avec son acolyte Nicholas Craven, compositeur et producteur gatinois. C’est un album à la fois hyper personnel, parlant de sa vie de parent autant que sa vie d’artiste, mais aussi universel, jetant son regard tranchant et sa plume caustique sur plusieurs sujets d’actualité, dont la pauvreté et la toxicomanie. Il est appuyé par plusieurs grands noms du hip-hop francophone, notamment le rappeur français Akhenaton et membre du collectif Alaclair Ensemble, Robert Nelson.

Plus tôt cette année il lance son dernier album, Territoiredelours, faisait référence au fait que l’Outaouais est une des régions où il y a le plus d’ours bruns au Québec et pour rappeler les gens les dangers de l’étalement urbain. Cette fois-ci, ce sont principalement les talents de producteurs de D-Track qui sont à l’avant-plan, avec l’ajout de quelques collaborations avec des rappeurs de la relève, dont CHAM rapper et SeinsSucrer. L’album se mérite une nomination au GAMIQ dans la catégorie « Album rap de l’année », aux côtés d’artistes tels que Calamine, LaF et Dope.gng. En espérant que D-Track reparte gagnant le 27 novembre prochain !

Découvrez l’ensemble de la discographie de D-Track sur Bandcamp et téléchargez son dernier album Territoiredelours.

L’arrivée du streaming a chamboulé toute une industrie, presque du jour au lendemain. Quoique ces plateformes, telles que Spotify, Apple Music, YouTube Music, etc., aient introduit une nouvelle ère de découvrabilité musicale (et de facilité d’écoute), ces changements ont largement été nocifs pour une grande majorité d’artistes. Pour chaque artiste propulsé à la tête des palmarès, une centaine ne se retrouvent qu’avec quelques sous versés en ristournes. Même si les PDG de ces plateformes et de certaines grandes maisons de disque, et leurs actionnaires, ont pu en tirer profit c’est loin d’être le cas pour les créateurs de la musique que ces plateformes hébergent.

« Le déséquilibre croissant entre le montant substantiel de la rémunération perçue par les plateformes de streaming, les grands labels et les distributeurs, et les revenus distribués aux créateurs et aux labels indépendants est devenu de plus en plus évident, exacerbant les inquiétudes des artistes et des créateurs quant à la possibilité de construire une carrière durable basée sur les revenus du streaming. »

Étude UNESCO intitulée Répartition des revenus et transformation dans la chaîne de valeur du streaming musical

Il existe plusieurs problèmes dans l’industrie du streaming, oui pour les artistes, mais aussi pour les services de streaming comme tels. Même si l’utilisation de celles-ci est à la hausse, ce n’est toujours pas le cas pour leurs revenus. Chez Spotify, selon La Presse, on enregistre un « bon record de ses utilisateurs actifs » mais « au deuxième trimestre de 2022, il avait perdu 194 millions d’euros » indiquant que la rentabilité de ces services reste toujours à prouver.

Ici à Tout culture, nous croyons que les artistes sont au centre de notre industrie, pas en périphérie. Nous ne sommes pas ici pour culpabiliser quiconque de leur utilisation de ces plateformes, mais nous vous encourageons plutôt d’en faire une utilisation saine et informée. Voilà pourquoi nous lançons aujourd’hui une nouvelle série explorant une initiative qui tente de rémunérer les artistes à leur juste valeur : les vendredis Bandcamp.

Qu’est-ce que Bandcamp ?

Depuis sa fondation en 2007, Bandcamp laisse les artistes et les maisons de disque le soin de décider eux-mêmes la valeur de leur musique. À la fois disquaire et plateforme de découverte musicale, Bandcamp est la meilleure façon de soutenir les musiciens directement. Elle offre aux artistes et aux maisons de disque une plus grande flexibilité sur la façon de présenter leur musique et plus de décider de leurs prix. En tant qu’amateur de musique, vous pouvez acheter la musique en format physique ou numérique, en plus de pouvoir télécharger vos achats en haute qualité aux formats MP3, FLAC et autres. Vous pouvez également appuyer vos artistes préférés en vous procurant des items de promotion ou en offrant un titre ou un album en cadeau.

Depuis 2022, la plateforme est passée entre les mains de l’entreprise de jeux vidéo Epic Games, connue pour avoir développé le très populaire jeu en ligne Fortnite. Ce que ceci signifie pour la plateforme jadis indépendante reste à voir, mais pour l’instant la mission semble demeurer la même. Sans vous demander d’abandonner les autres plateformes de streaming, on vous encourage à partir à la découverte d’une solution alternative qui redonne plus aux artistes et vous permet d’être propriétaire de votre musique, comme dans le bon vieux temps.

La découvrabilité vs la découverte

Les listes d’écoute sur les plateformes comme Spotify et Apple Music peuvent être un outil très puissant pour la découvrabilité de nouveaux artistes. Cependant, il peut être difficile de s’y tailler une place, surtout lorsque l’artiste est indépendant. De plus en plus, cet avantage est réservé aux artistes et maisons de disques qui sont prêts à couper dans leurs redevances pour l’inclusion sur ces listes. Bandcamp est propulsé par de vrais mélomanes et leur magazine Bandcamp Daily en est la preuve. Il regorge de recommandations et d’articles de fond, rédigés par des journalistes musicaux professionnels, sur des artistes qui ne reçoivent pas toujours l’attention des médias traditionnels. Si le facteur découvrabilité est peut-être moins prononcé avec Bandcamp, le facteur découverte de la plateforme dépasse de loin celui de ses compétiteurs.

L’initiative Bandcamp Fridays pour contrer les effets de la pandémie

Aux débuts de la pandémie, quand l’ensemble des occasions de partir en tournée ou de faire un spectacle ont soudainement disparu, Bandcamp a lancé son initiative Bandcamp Fridays. Le premier vendredi du mois, Bandcamp renonce à sa part des revenus et verse 100 % des recettes directement aux artistes. À ce jour, plus de 100 millions de dollars ont été versés aux artistes, qui sont principalement des musiciens indépendants. Pour connaître les dates des prochains vendredis Bandcamp, vous n’avez qu’à visiter le site web ludique isitbandcampfriday.com et vous aurez votre réponse.

Chaque mois, nous vous présenterons des artistes qui se retrouvent sur Bandcamp pour vous inciter à découvrir des musiciens d’ici et stimuler l’écosystème musical de l’Outaouais. Vous connaissez des artistes de l’Outaouais qu’on gagne à découvrir ? Dites-le-nous ! Nos oreilles sont grandes ouvertes. Entre-temps, on vous invite à trouver vos artistes préférés, suivre leur page, et peut-être même vous acheter un album.