Chaque mois nous vous présentons un album à découvrir sur la plateforme de musique Bandcamp dans le cadre de leur initiative Bandcamp Fridays. Cette initiative vise à appuyer les musiciens et musiciennes en leur versant 100 % des recettes de ventes effectuées le premier vendredi de chaque mois.
Ce mois-ci nous vous présentons le producteur Simon Labelle, alias Réservoir, que vous connaissez peut-être comme un des fondateurs du collectif FAU MARDI ou bien comme le directeur artistique du Centre de production DAÏMÔN ainsi qu’un des initiateurs de l’initiative radiophonique éphémère et interdisciplinaire Radio-Hull, un des événements incontournables du mois de septembre choisit par Le Pressoir. Simon incarne différents alias pour ses divers projets, incluant Dolphin Dream Pyramids et Quoi qu’en diront les médias, et son projet Réservoir se base principalement sur des enregistrements sonores sur le terrain.
Le projet musical instrumental Réservoir
Réservoir est un projet de musique instrumentale inspiré de nos environs physiques, architecturaux ou naturels. Son EP, intitulé VHS.1, lancé en 2014, est inspiré de l’architecture brutaliste du complexe Portage. Incorporant des sonorités de la musique dub, les pièces sont plutôt sombres, voir lugubres, évoquant l’effet dévastateur qu’a eu la construction des édifices voués à la fonction publique sur le territoire de l’île de Hull ; un vidéoclip réalisé par Alexis Zeville accompagne parfaitement le morceau « Phase 1 ». Il continue en 2016 avec la sortie de l’album Brume sur la glace, un projet inspiré de l’hiver et du hockey, incorporant des enregistrements de patins sur glace, bâtons d’hockey et cris de joueurs. En 2020 il lance la pièce « Horizontal » sur la compilation EMINQC Vol. 3, une série d’albums mettant en vedettes des créations électroniques faites au Québec lancée par le label Unlog de Montréal.
Ce qui nous amène à son nouvel album La pêche aux ondines, paru le 19 avril dernier sur le label Jeunesse Cosmique, une maison de disque qui se veut « une alternative à toute responsabilité commerciale de nos jours ». On est toujours dans la musique instrumentale, mais on s’éloigne de la musique dub des sorties précédentes et on s’approche à un style plus ambient et plus léger, incorporant des sonorités plus douces. Enregistré lors d’un séjour dans un chalet dans les Laurentides, l’album est construit autour d’enregistrements de sons de la nature modulés pour en faire des compositions musicales. Lors d’un entretien avec Marika Bellavance à l’émission Les matins d’ici, Simon l’invite dans son studio au centre DAÏMÔN pour la plonger dans son univers. L’artiste lui montre non seulement comment son enregistrement se fait, mais aussi comment il manipule ensuite les sons dans le programme Ableton Live, pour les développer en chansons.
L’album évoque l’été au bord du lac dans la forêt avec ses journées longues et langoureuses. Ou, comme dit l’artiste, « je souhaitais que le sensoriel du temps et du lieu s’épanche dans les oreilles ; les idées qui tanguent quand on a passé l’après-midi en kayak, les motifs derrière nos paupières lorsque nos rétines sont marquées du scintillement des vagues, la chaleur du quai en bois sur la peau, les odeurs humides le lendemain d’un orage, l’ensemble choral du vivant. »