Exposition Valérie Kolakis

The continuous movement between destinations will become a room
[Le mouvement continuel entre deux destinations deviendra une pièce]
The continuous movement between destinations will become a room est une exposition qui inclut des éléments géométriques simples, rappelant les éléments architectoniques de l’espace domestique. Des constructions linéaires en métal, des dessins tri-dimensionnels, délimitent les formes occupées par les étagères, les armoires, les lits et les cadres de fenêtre. Ceux-ci réfèrent à l’absence de ces ameublements, au déplacement et à la disparition du domestique au sein de l’espace public partagé de la galerie. Ces pièces de métal sont reconverties en supports pour des éléments trouvés et déconstruits, rappelant le contexte domestique. L’espace domestique est caractérisé comme étant inscrit dans les vies présentes et passées de ses habitant.e.s. Il efface l’espace public en se pliant sur lui-même et repousse ce qui le dépasse.
La matérialité des œuvres de Valérie Kolakis gravite autour de ces objets, issus de la domesticité, leur valeur d’usage en tant que témoins d’identités et de passés. Le déplacement dans l’espace public est celui d’un déracinement, d’une méconnaissance des codes de conduite opérant au-delà de l’espace domestique, en dehors du foyer. Ces codes sont matérialisés dans l’architecture publique et dans l’ornementation régentée de la ville. Les structures et éléments de Kolakis empruntent aux plans et croquis architecturaux. À l’inverse de ces plans qui proposent des formes matérielles dans l’espace, ce qui a encore à être construit, les œuvres de Kolakis indiquent un effondrement imminent de l’ordre architectural et pointent la discordance entre l’espace public et l’expérience personnelle.
L’exposition est configurée en stations, des agglomérations d’éléments architecturaux déplacés au sein de l’espace physique de la salle d’exposition. Cette configuration questionne la réception de l’intérieur de la galerie et du mouvement des spectateurices à travers cet espace public. Les agglomérations assemblent les objets, breloques et souvenirs, qui définissent et caractérisent l’espace domestique. Ces objets, à la fois familiers et singuliers, évoquent des habitant.e.s inconnu.e.s, désormais absent.e.s de cet espace.
Le foyer est produit par le processus que Tim Ingold appelle « cooptation et construction ». Nous construisons nos espaces domestiques avec des objets qui nous sont utiles et significatifs et nous adaptons ces objets pour répondre à l’espace mental et physique du foyer, tout en adaptant l’espace domestique pour accommoder ces objets. Les assemblages de Kolakis suivent ce processus, modifiant leur composante, leur forme et leur sens selon leur relation avec les différents éléments et formes de l'œuvre. Le mouvement est continu, devient une pièce, une destination transcendant l’espace public avec celui du foyer.
— Paul Landon