Atlas de nostalgie — Exposition collective

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Mode d'assistance Événement en présentiel

« Nostos », c’est le retour ; la nostalgie, c’est le mal du retour.

 

La pratique d’écriture de François Chalifour sert de fil conducteur pour réunir les artistes de l’exposition Atlas de nostalgie. Les trois commissaires — Richard Gagnier, Jonathan Demers et François Chalifour — se retrouvent en terre à la fois connue et nouvelle. Ils ont choisi d’articuler l’exposition autour d’une géographie narrative subdivisée en trois espaces (topos) reliés par le thème de la nostalgie : l’éternel retour ; les indices de la nostalgie ; la quête, le voyage, l’aventure.


La nostalgie, par une constante anticipation de ce retour, contient le remède à son mal, le retour lui-même, fut-il indéfiniment différé. L’éternel retour concerne tout ce qui a trait à l’essence même de la nostalgie : le lieu d’origine coordonné au temps de l’absence. Ce sont aussi les départs constamment repoussés, la traversée toujours contrariée, l’arrivée longuement retardée. L’île constitue un paradigme de ce topos originel : Ithaque, cette terre aride et rugueuse, isolée, constitue pour Ulysse un royaume de douceur et de paix. 


La nostalgie est donc à prime abord un concept spatial, géographique. Il implique la distance physique qui sépare l’âme errante de son lieu d’origine, objet d’un désir persistant. Des figures patentes de la nostalgie seraient les exilé.e.s, les émigré.e.s, les voyageur.se.s.


Pourtant il n’y a pas de distance sans temps. L’éloignement physique implique un déroulement temporel. Or, le temps gruge, érode, aplanit. C’est pourquoi les indices de la nostalgie se trouvent disséminés à la manière de symptômes récurrents* révélateurs d’une force opératoire latente. Voir une ruine, par exemple, pointe indubitablement vers le temple qui la précède.

En effet, la ruine agit comme modèle conceptuel de la nostalgie puisqu’elle se trouve quelque part sur l’axe qui sépare le temple de ses cendres éventuelles. Ainsi la ruine peut-être le signe de l’effacement définitif engendrant la mélancolie, mais elle peut, en contrepartie, apparaître comme le plan d’un temple à construire, ou reconstruire.


Entre les deux, il y a inéluctablement la quête, le voyage, l’aventure. Il ne peut y avoir de nostalgie sans départ. Il faut quitter son pays, sa terre, ses proches pour que le sentiment de nostalgie s’installe. L’errance est la condition impérative à la nostalgie. Sous cet angle, elle provoque un désir du retour entraînant une quête des origines, un voyage nécessaire et les aventures qui en découlent. Une fois le radeau construit, il reste à quitter l’île, franchir la mer, braver les tempêtes.

 

*Aby Warburg, 1896 - 1929

— François Chalifour