Un texte à deux voix de Wassim Aboutanos et Julie Moffatt

Quand la nature devient souffle

La nature inspire. Elle calme, recentre et ouvre un espace propice à l’expression, loin du tumulte du quotidien. Dans ce retour au vivant, plusieurs artistes trouvent le fil conducteur de leur démarche. Mais la nature ne se contente pas d’inspirer. Elle devient aussi matériau. Bois, pierre, argile, eau — des éléments vivants, bruts, qui réagissent et invitent à la collaboration plutôt qu’à la domination

Danou Charrette, artiste ébéniste, décrit son lieu de travail comme « un atelier vivant, où le geste entre en conversation avec l’arbre pour créer des pièces uniques et durables, chargées de mémoire et d’intention. » Ce lien naturel devient le point de départ d’une œuvre enracinée, prête à donner chaleur et vie aux maisons qui l’accueilleront.

L’artiste textile Solange Bellemare, résidente de L’Ange-Gardien, explore quant à elle la nature à même ses fibres. Autodidacte passionnée de couture et de techniques mixtes, elle s’est tournée vers la teinture et l’impression végétales pour créer des œuvres murales sensibles et uniques. Elle capte la mémoire du végétal et révèle, dans chaque pièce, les traces du vivant. Son travail témoigne d’un échange délicat entre substance organique, intuition artistique et lenteur assumée.

L’art qui s’ancre, l’art qui ralentit

Créer avec et dans la nature, c’est aussi une prise de position. Affirmer que le territoire n’est pas un simple lieu, mais un être vivant avec lequel composer.

Le Sentier des arts, porté par Traces Arts Visuels en collaboration avec la Municipalité de L’Ange-Gardien, incarne parfaitement cette démarche : un parcours où l’art s’installe dans le paysage, le révèle, le magnifie. Chaque œuvre est une invitation à s’arrêter, à ressentir, à se reconnecter. (Clin d’œil à Wassim ici, qui y a participé l’automne dernier.)

D’autres initiatives comme celles du campus Éco Echo s’inscrivent dans cette même volonté de cohabitation entre création et territoire. Ici, l’art devient levier de transition, un pont entre conscience et vivant.

L’art qui émerge de cette relation avec la nature ne cherche pas à éblouir. Il préfère ralentir, laisser place à l’émotion, au doute, à l’intime. Il nous ramène à l’essentiel, à ce qui résonne, et crée du lien à hauteur humaine.

Et si vous alliez y goûter par vous-mêmes? Une visite à la Galerie Old Chelsea, nichée au cœur du village, est une belle façon de vivre cette relation entre art et paysage. De là, pourquoi ne pas vous laisser tenter par une visite dans le Parc de la Gatineau? Prenez le temps d’y marcher sans but. De sentir la terre sous vos pieds, d’observer la lumière jouer dans les branches, de toucher l’écorce, d’écouter le vent. Laissez la nature devenir, elle aussi, votre complice. Parfois, un pas dehors suffit pour rallumer les étoiles.


À propos des auteur·es

Écrire à deux a été un élan naturel. Tous deux amoureux fous de culture, on partage la conviction que l’art a ce pouvoir unique de transformer les regards, d’enrichir une communauté et de retisser les liens entre humains. On rêve de voir les gens de l’Outaouais s’approprier leur culture, la vivre pleinement, la célébrer collectivement. Et, franchement, on a tous besoin de s’émerveiller et de s’ancrer dans du vrai, ces temps-ci. L’une de nous fait rayonner la créativité sous toutes ses formes. L’autre crée, ancré dans la scène, la musique et la collaboration. Deux approches, une même racine : la culture, quand elle est vivante et accessible, peut transformer notre coin de pays. Wassim a fait son arrivée sur la scène artistique comme auteur-compositeur-interprète il y a deux ans. Julie, elle, tisse des ponts entre idées, créateurs et publics, toujours avec ce désir profond de créer un impact collectif.